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Fanny Mathieu

Récit de naissance de Clara

J'ai connecté tout de suite avec ce couple dès la première rencontre. De belles personnes, au cœur d'or, qui attendaient une belle petite sirène. Les rencontres étaient du bonbon et leur complicité était belle à voir. Du fun et d'intéressantes discussions, nous avons eu. Ça valait le voyage à chaque fois. Avec le contexte actuel et les restrictions, le fait de ne pas pouvoir être là à l'accouchement, je les ai trouvé vraiment courageux. Avec une maman battante qui a tout essayé! Ils ont accueilli leur petite puce à l'hôpital, en douceur, avec une équipe très à l'écoute. Ce petit bébé est adorable! De nouveaux parents qui seront une source infinie d'amour pour leur enfant. Si fière d'eux et de leur parcours!


Ils m'ont donné la permission de vous partager le récit de naissance que j'ai écrit pour leur petite puce.


Bonne lecture!





Naissance de Clara



Des profondeurs du onze novembre

Toi, petit ourson des mers, tu es né

Bravant le rouge de l’arc-en-ciel

De ta clairvoyance de nouveau-né

Tu as jailli dans leurs bras grands ouverts

Ô belle sirène au cœur doré



Chaque jour était un battement de tambour. Pas le tien, ni celui de tes parents bien amoureux de toi, mais celui de la grande attente. La patience, ils auront appris. Ta maman s’y préparait sans le savoir, à son insu, parfois avec plus d’intensité. Tu étais de mise avec son corps. Vous saviez que ce serait plus tôt que prévoyait la médecine, mais vous gardiez la grande finale bien secrète. Allais-tu naître demain, pour l’Halloween, sous l’aura d’une pleine lune… Que d’espoir dans le hasard! Mais avec ton nom si magique, on aurait dû voir que tu naitrais sous le chiffre de l'intuition. Les sirènes aiment nager proches des miroirs de l'âme.

Tes parents on fait le choix de te donner un coup de main. C’est doux l’océan maternel, mais un ourson des mers, ça peut aussi marcher sur terre. Alors ils ont réservé une date sous ton murmure d’approbation. La veille, les inquiétudes parsemaient leurs cœurs. Surtout celui de ta maman. Devant un tel inconnu, difficile de ne pas trembler. Trop de puissance est effrayant. Mais son cœur gonflé de craintes cachait une grande force. Et c’est avec ce courage de louve que ta maman t’a donné naissance. Je suis certaine que tu étais là avec elle ce soir-là, à la rassurer de loin dans ton p’tit nid. À dorloter tes parents avant le jour du déclenchement.


Au matin de ce mercredi, vous vous êtes tous retrouvés à l’hôpital. Ça grouillait un peu là-bas. Les émotions palpitaient sous les masques. Serait-ce aujourd’hui? On a installé ta maman et tout d’un coup, ton océan s’est écoulé. Pas d’eau pour la petit sirène. La rupture s’était faite en douceur, vous étiez prêtes toutes les deux à travailler en équipe. Mais ta maman ne s’attendait pas à une telle intensité. Si fortes les vagues quand elles n’ont plus de contenant. Ça lui rentrait dedans au-delà de ce qu’elle pouvait prendre. Surtout avec un test bien profond entre les deux oreilles, une contrainte bien douloureuse. Parce que malgré ta naissance, il y avait encore une pandémie… Par chance, elle pouvait respirer à fond librement. Respire maman, souffle les contractions. Tu as entendu plusieurs rires à travers ta bulle, qui résonnaient et faisaient bondir ton cœur de bonheur. Tu reconnaissais la voix de ton papa bien-aimé, ton Triton des mers. Il n’avait jamais vu ta maman dans un tourbillon aussi acharné. Son inquiétude de papa passait dans ses rires, des rires pleins d’amour et d’admiration. N’importe quelle particule d’ocytocine, on va le prendre, même des gloussements complices. Une tempête aussi crue, animale, ça brasse, c’est si déroutant quand c’est la première fois. Ça fait sortir les papas de leur zone de confort. Toi, tu le sais, tu en étais le cœur.


Puis, de la douceur s’est écoulée dans les veines de ta déesse. La péridurale a fait son bout de chemin pour l’aider à supporter les vagues. L’intensité a diminué, l’ouragan s’est retiré peu à peu. Toi, tu avais encore une traversée à faire vers la terre. Bien que tout était plus calme pour tes deux amours, ils étaient là pareils, dans leur cœur et leurs sourires. Ils allaient prendre une pause avant la grande poussée, avant ce grand flow d’énergie. Tandis que maman se détendait, papa prenait ce temps mort pour faire un peu de travail et prendre ainsi soin de sa famille. Pas évident de se concentrer en sachant que tu étais tout proche. Le bruit des machines était un peu dérangeant parfois, mais leur bulle était là.


Vers l’heure du souper, ta maman ressenti un coup de fièvre. Rien d’inquiétant, une dose d’antibiotiques et ce fut parti. L’ouragan recommença à pointer le bout de ses vagues avec l’intensité dont elles étaient capables. Un p’tit bolum de douceur et tout se calma un peu. C’était le grand moment, déjà les dix centimètres de parcouru. Tu sentais toi aussi la terre proche. Plus que deux heures de poussée. Tu entendis plus de monde dans la pièce, la bulle s’agrandissait un peu. Peut-être un peu trop même, ta maman aurait pris moins de regards sur son intimité. Ton papa était à côté d’elle, sans doute avec des poussières de stress et d’émotivité dans le cœur. Un enfantement, c’est du féminin puissance dix, c’est la fusion de deux mondes dans un vortex. Ça fouette, vaut mieux être bien à côté pour partager la complicité de cet instant. Une douce musique jouait dans la pièce. Sur les murs, quelques dessins étaient accrochés. Ta maman les avait coloriés pour s’inspirer. Ils étaient là comme points d’ancrage, pour lui donner de la confiance et du courage dès que ses yeux croisaient les images.


Le sais-tu à quel point ta maman a été brave? Deux heures de traversée à pousser, à gémir les flux de vagues, bien couchée sur le côté. À te faire naître, à se donner naissance à elle-même. À te faire de la place malgré le feu et le sang, entourée par une équipe prête à tout pour l’aider et la soutenir, plus une petite touche d’ocytocine.


Te souviens-tu de ton passage vers notre monde, te souviens-tu qu’on t’ai sorti et mis sur le ventre de ta maman? Un peu collante tu étais, le médecin t’a déposé avec un grand sourire sur celle dont tu connais si bien le battement de cœur. Tout était embrouillé, froid, bruyant, mais vite tu as senti la chaleur réconfortante de sa peau. Ton papa était tout proche, tu sentais son amour, leur amour, si doux. Il a coupé le cordon lui-même, tu étais officiellement sur cette terre. Ah! petite sirène, comme ils attendaient ce moment avec impatience! Puis, ton jumeau est sorti, dans toute sa splendeur placentaire. Ils l’ont montré à tes parents, mais il n’avait ni ta beauté ni ton charisme de nouveau-né. L’ourson des mers volait la vedette!


Les deux heures qui ont suivi vous êtes tous tombés en amour. Un trio de douceur et d’affection. Lovée contre eux, c’était la rencontre que tu attendais. À se découvrir du regard, à reconnaître leurs voix, à apprivoiser leurs peaux et toutes les sensations humaines. Tu nageais dans une bulle de bonheur. Vous êtes restés dans ce nid hospitalier pendant deux jours. On m’a murmuré que ton papa a médité ta venue le lendemain et qu’un soulagement profond l’a envahis. Ce souvenir particulier l’a fait pleurer de joie et continuera de le toucher encore très longtemps. Puis après ces quelques jours en ce lieu bordé de douces infirmières, vous êtes allez dans ta vraie maison. Celle dans laquelle tu grandiras et feras tes premiers pas. Depuis, tu évolues avec eux dans cette nouvelle réalité. Déjà plutôt calme, ton regard s’épuise d’amour pour tes parents. Et eux aussi, avec toute leur admiration et leur vulnérabilité de nouveaux parents.


Petit sirène…

Que la magie que tu portes en toi fleurisse et te porte tout au long de ta vie marine.


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